
Sitting Target de Douglas Hickox (1972)

Polar complétement amorale sortie en 73, le film d’Hickox (le père du fils) colle au basque d’une bombe à retardement ultra-violente, un prisonnier qui se fait la belle pour aller buter la femme qu’il aime qui l’a fait cocu en tombant en cloque pendant son séjour. Flanqué de son associé, il va en tarter des bouches pour parvenir à ses fins.

Déjà dans le rôle titre Oliver Reed est hallucinant. C'est simple on dirait un ogre, une boule de nerf qui te pète à la gueule sans prévenir(c'est salaud). Il est dans quasiment toutes les scènes et l'équilibre entre empathie et rejet que provoque le personnage lui doit beaucoup, on suit quand même un mec qui veux défenestrer sa copine enceinte, et qui est prêt à buter un paquet de monde (de la pègre comme de la police, pas de distinction) pour y arriver
Shooté dans un style super sec mais néanmoins assez stylisé (il y a une belle imagerie cauchemardesque sur certains passages, tu as quelques éclaires de tendresses assez déstabilisantes aussi, surtout dans le cadre d’une scène de viol), le film prend pour cadre des tours HLM aux abords des chemins de fer, t’as un aspect petit fait divers, c’est sale et on a pas à faire à des lumières mais à des hommes qui n’agissent que par l’instinct, de façon assez sauvage (voir la scène où ils braquent l’armurier de la pègre)

Du générique d’ouverture sur son personnage en train de se buter aux pompes dans sa cellule, jusqu’à la scène du parloir ou sa fureur éclate de façon ultra-flippante, le perso de Reed est filmé comme une bête en cage. Dès le début il n’est caractérisé que par sa force et sa folie destructrice. Voir la scène complétement halluciné ou il transforme une cour d'immeuble en véritable fournaise.
La scène du bain assez étrange, laisse entrevoir les fêlures de ce personnage en un seul geste. Ce geste m’a totalement cueilli, on sent l’âme en peine, la bête baisser sa garde pour pleurer. Le film alterne donc le chaud et le froid, c'est déstabilisant mais c'est carrément payant lorsqu'il s'agit de donner des textures à ses personnages qui resteront irrécupérable sans pour autant les rendre inhumain malgré les sursauts de bestialité. A côté de cet aspect étrange tu as tout le coté physique de la mise en image aussi, ou la fureur du personnage éclate en grand angle le rendant plus impressionnant, Reed qui se donne physiquement à fond aussi (y a deux, trois passages ou me suis demandé comment ils avaient tourné les scènes tellement tu vois que les mecs en chie, d’un truc anodin comme une chute sur le macadam jusqu’à traverser les barbelé, l’aspect physique et inconfortable de cette mise en image décalque bien comme il faut)


Magnifiquement mis en scène (la loongue scène du parloir) La Cible Hurlante c'est l’odyssée de la cuvette des chiottes, c'est un polar rosbif au style sec mais néanmoins imagé qui trace à 100 à l’heure, partant d’un postulat simple, le film ne déviera jamais de sa route, transcendant la vulgarité de ces deux perso principaux pour réussir à les rendre attachants tout en entretenant leur aspect menaçant et en restant totalement amorale.
C'est beau, physique, halluciné, noir de chez noir et complétement infréquentable, une histoire anecdotique et un enjeux trivial qui débouche sur une uppercut santiep complétement apocalyptique : Une bombe !
